par le Dr BALZER Alexandre
Membre de la commission « autres activités » du RCF
Membre de la CUNSE, de la CNEAC et de la commission scientifique de la SCC
L’agility est une discipline canine connaissant un véritable engouement de la part du public. L’objectif est d’éduquer son chien par le jeu et de mettre en valeur son aptitude à évoluer sur un parcours composé d’obstacles variés. Tous les chiens, du plus petit au plus grand, du « bâtard » au chien de race, peuvent pratiquer ce sport et participer aux différents concours organisés en France. L’agility est un loisir parfait pour souder le couple « maître-chien ». Les retrievers sont nombreux dans cette discipline et brillent régulièrement sur les podiums.
L’agility est une discipline sportive canine qui consiste à faire évoluer un chien sur un parcours composé d’obstacles variés dans le but de mettre en valeur son intelligence et son écoute. La conduite du chien lors d’une telle épreuve nécessite une entente parfaite entre le maître et le chien. Ils forment alors une équipe indissociable. Il s’agit d’un jeu éducatif et sportif qui permet aussi une bonne intégration dans la société puisqu’il est nécessaire de posséder des bases élémentaires d’éducation et d’obéissance.
Historique
Cette discipline a été créée en 1977 en Angleterre. A l’origine, il s’agissait d’un spectacle visant à divertir les visiteurs de la plus grande exposition canine d’Angleterre : la Cruft. Il s’agissait alors d’une course d’obstacle dont le principe s’apparentait à celui du jumping équestre. Fin 1987, le premier règlement officiel français a été établi et les premiers concours ont débuté dans les années 90.
Cette discipline canine éducative est reconnue par la Société Centrale Canine depuis 1988. Elle connaît une progression foudroyante depuis une dizaine d’années. Elle compte actuellement près de 15 000 pratiquants, dont 4 000 participent régulièrement aux concours organisés en France. Elle est gérée par la CNEAC, Commission Nationale d’Education et des Activités Cynophiles de la SCC.
Le parcours d’agility
Le parcours est composé de différents obstacles qui doivent être franchis par l’animal selon un ordre imposé et dans le temps le plus bref. Selon la catégorie, le parcours a une longueur de 100 à 200 mètres et comprend de 12 à 20 obstacles, dont au minimum 7 sauts. Le tracé est laissé à l’entière imagination du juge et comprend de nombreux changements de direction. En général, les obstacles sont des haies simples, une palissade, un pneu, une balançoire, un tunnel rigide ou souple, une passerelle et un slalom. Parmi ces obstacles, la passerelle, la palissade et la balançoire sont dites « à zone » car le chien doit impérativement mettre au moins une patte sur la zone rouge, à la montée et à la descente. Le maître doit donc ralentir son chien ou lui apprendre à ne pas sauter ces zones sous peine d’une pénalité.
L’objectif du parcours est d’amener son chien à passer l’ensemble des obstacles dans l’ordre défini par le juge, sans effectuer de fautes et dans un temps minimal. Pour chaque parcours, il est défini un temps de parcours standard (TPS) qui sert de temps de base, c'est-à-dire le temps maximum autorisé pour terminer le tracé sans pénalités.
On distingue ainsi les pénalités pour fautes de parcours (5 points) et les pénalités pour dépassement du TPS (1 point par seconde supplémentaire au TPS).
Les fautes de parcours et classement
Ces fautes sont comptabilisées si :
* le maître touche volontairement son chien pendant l’épreuve
* l’un des éléments de l’obstacle tombe lors du passage du chien
* le chien refuse l’obstacle, par exemple les arrêts du chien face à l’obstacle
* le chien ne pose pas de pattes sur une zone rouge
Le vainqueur est l’équipe qui termine avec le moins de fautes ; en cas d’égalité de fautes, le vainqueur est celui qui a mis le temps le plus bref. Ainsi, une équipe très rapide avec 15 points (3 fautes) est classée derrière une équipe plus lente n’ayant que 5 points (1 faute). La rapidité n’est donc pas le critère principal, l’agility est avant tout une course d’adresse.
On classe alors tous les chiens, avec les qualificatifs excellent (de 0 à 5,99 points), très bon (de 6 à 15,99), bon (de 16 à 25,99) et non classé (au-delà de 26 points).
Quels chiens peuvent participer ?
Tous les chiens peuvent faire de l’agility, du plus petit au plus grand. La hauteur des obstacles varie en fonction de la catégorie dans laquelle se trouve votre compagnon :
* catégorie A : jusqu’à 35 cm au garrot
* catégorie B : de 35 à 50 cm au garrot
* catégorie C : plus de 50 cm au garrot
* catégorie D : les grands molossoïdes et les races lourdes. Cette catégorie regroupe une liste de races précises telles que le Bouvier Bernois, le Montagne des Pyrénées, le Terre Neuve, le Saint Bernard, etc.
La hauteur des obstacles varie de 30 cm pour la catégorie A à 60 cm pour la catégorie C. Tous les chiens trouvent donc leur place au sein des parcours.
La relation maître-chien
En agility, deux critères sont impératifs : la qualité et la rapidité d’exécution. Chaque maître doit moduler et trouver le juste équilibre entre ces deux impératifs. En effet, la recherche de la vitesse maximale entraîne bien souvent la diminution de la qualité du travail. L’inverse est tout aussi vrai, la qualité est, dans bien des cas, un obstacle à la rapidité. En fait, qualité et rapidité peuvent sembler contradictoires mais il s’agit de trouver le juste compromis.
Pour obtenir ce compromis idéal, une parfaite harmonie entre le chien et son maître est indispensable. Le chien doit être pendant tout le parcours parfaitement à l’écoute des commandements et doit réagir immédiatement. Tout l’art du conducteur réside en sa capacité à maintenir l’attention du chien constante.
C’est également dans le guidage du chien que la cohésion entre celui-ci et son maître s’exprime. Le chien doit écouter, comprendre et enregistrer l’ordre donné, la réalisation de ce dernier devant être immédiate. Le maître doit, quant à lui, transmettre un message clair, concis et précis, directement exécutable par l’animal. L’harmonie est donc le produit des qualités de réceptivité du chien et des facultés de communication du maître.
Pour obtenir cette parfaite complémentarité en agility, il est nécessaire de maîtriser l’éducation et l’obéissance de base : sociabilité, assis, couché, le rappel… Il serait en effet vain de débuter sur un terrain d’agility avec un chien ne connaissant pas ces bases. Quoi de plus frustrant que de tenter de lui apprendre à monter sur la passerelle si son maître passe son temps à le rattraper. Avec l’aide d’éducateurs compétents, l’apprentissage du chien et du maître se fait en douceur. L’animal, mis en confiance, familiarisé avec le lieu et l’ambiance, est d’autant plus attentif et assidu.
L’agility est un jeu et le chien doit apprécier ce moment de détente. Il est inutile de vouloir à tout prix forcer l’animal ; des séances courtes mais répétées sont beaucoup plus profitables. C’est un loisir utile pour compenser le manque d’activité, parfaire une éducation de base et souder dans le jeu et le travail, et la relation maître-chien.
Pour aller plus loin : « L’agility de A à Y », de Maryannic JOURDEN, Frédéric DURAND et Alexandre BALZER aux Editions Animalia (tomes 1 et 2)
Quelques exemples d’obstacles :
Les haies : Elles peuvent être de trois hauteurs différentes suivant la catégorie. Elles doivent être franchies sans refus et sans faire tomber les barres.
Le mur : Le chien voit cet obstacle alors qu’il ne voit pas ce qu’il y a derrière. On apprécie ici la confiance du chien dans les ordres de son maître. La hauteur du mur dépend comme pour les haies, de la catégorie du chien.
Le tunnel : Le chien doit passer dans le tunnel et en ressortir par l’autre extrémité sans faire demi-tour à l’intérieur de celui-ci.
Le slalom : Un des exercices les plus difficiles lors de l’apprentissage. Le chien doit rentrer toujours de la même manière : le premier piquet à gauche. Le slalom doit être fait correctement et dans son intégralité
La balançoire : Le chien monte sur la balançoire jusqu’à ce que son poids fasse basculer la planche et permette la descente. Cet obstacle comporte deux zones obligatoires, empêchant le chien de sauter de l’obstacle
La passerelle : Le chien doit parcourir l’ensemble de l’obstacle, et mettre les pattes dans les deux zones rouges. On note ici l’équilibre du chien et sa volonté.